Philippe Henry jonglait entre peinture et sculpture avant de créer un univers musical dès plus surprenant. Il jouera demain soir à Marcolès.
Il y a les compagnies venues pour les Préalables et des Cantaliens !
Zarzibor, saxor, dobrozor, tonnerrozor… C’est au son de ces drôles d’instruments, aux noms haut perchés, que l’on parvient à son atelier, dans la rue Longue de Marcolès. Artiste peintre et sculpteur, plus étonnant encore, Philippe Henry confectionne et joue de ses propres instruments.
Entre les roses anciennes et les volets bleus, on pourrait croire que l’on rentre dans une maison de poupée. Le chat dort paisiblement sur le rebord de la fenêtre, mais son maître, lui, a l’esprit qui bouillonne. Pour s’en rendre compte, il suffit de franchir le pallier et d’entrer dans son univers fantasque où le temps s’arrête pour celui qui le découvre.
Les toiles de l’artiste habillent les murs, tout comme ses sculptures posées au-dessus de la cheminée. Face à cette dernière, au milieu de la pièce… le comble du spectacle, l’immanquable orchestre de Philippe Henry. Tout a été pensé et réfléchi pendant plusieurs mois, voire des années pour les instruments. « Je ne me fais pas appeler Doc pour rien », confie-t-il avec humour. L’artiste coiffe ses cheveux blancs en bataille, tel un savant fou, et ses mots sortent avec modestie.
Pourtant, les Aurillacois le connaissent déjà. Il est le sculpteur de la statue de la place Claude-Erignac. Aujourd’hui à la retraite, Philippe Henry a décidé de changer de passion. « Je n’ai plus envie de peindre. Mon esprit s’est tourné vers la musique. Je veux fabriquer des instruments bizarres avec des noms en « or » et créer des sons pour un public. Sans le vouloir, c’est tout un concept. »
Tableaux contre troc
Plus étonnant encore, l’artiste troque ses œuvres depuis cet été. « Je n’aime pas le rapport à l’argent et c’est difficile d’évaluer des prix alors pourquoi pas échanger des services tout simple ! Payer en fioul c’est pas mal ( rires) »
Original et inventif, Philippe Henry est devenu cantalien il y a 35 ans et Marcolésien depuis dix-sept ans. Ce Lorrain d’origine ne quitterait pour rien au monde son village d’adoption. « Ce village était super-beau et je n’ai pas hésité une seule seconde à acheter ici. » Fidèle à l’Auvergne, il voyage avec le côté inventif de son cerveau. « Ça fuse tellement parfois, que je n’arrive pas à dormir ». Mais derrière ce casse-tête chinois, se cache un travail remarquable. « Je faisais de la ferronnerie et un jour j’ai eu envie de créer des instruments en métal. De là, j’ai travaillé leur côté esthétique mais aussi leurs sonorités. ».
Deux ans plus tard, le résultat laisse sans voix. Flûtes, percussions, saxophone, basse, guitare… Au total le maître de la récupération a confectionné 17 instruments avec des tuyaux, de la taule, des vieilles bassines, du métal, une parabole de projecteur et même avec une éponge à gratter la vaisselle.
D’ailleurs, le Doc s’est entouré de trois acolytes, apprentis Marty Mcfly, eux aussi marcolésiens. « Au départ j’étais tout seul, et puis j’ai voulu partager l’aventure avec des potes », explique-t-il. On retrouve Guillaume à la basse, Ludo à la guitare et Seb, alias « Monsieur miel », au mixage des sons.
Ensemble, ils joueront demain soir sur la place du village pour un voyage musical d’un peu moins d’une heure. Insolite et rythmé, le quatuor est aussi engagé. « Sans tomber dans l’extrémisme écolo, on veut aussi dénoncer les excès de la pêche avec des sons spécifiques et des textes chantés a capela. » À cela s’ajoute un travail de concentration : pas moins de 52 manipulations seront réalisées en live par Philippe Henry. Ce voyage spirituel ou du moins « zarbi’zique » comme il s’amuse à le nommer, offrira des sons de bateaux, vagues et même des cris de mouettes. Le tout mêlé à du rock progressif. Ce tour de piste s’en va nous rappeler l’énergie et la magie des mythiques Pink Floyd.
Source: La montagne – Pour Les’arts de la rue à Marcolès, il y a les compagnies venues pour les Préalables… et des Cantaliens, un brin artistes fous